VALENCE, 31 MAI 2012
La pluridisciplinarité Kinésithérapeute/ chirurgien après cancer du sein se traduit par la connaissance du geste chirurgical.
Aline Viileprand, kinésithéarpeute s’investit sur le sujet et assiste à une opération avec le Docteur S Lanthaume
L’Institut du Sein (IDS) Drôme Ardèche a vu le jour en octobre 2011. Son initiateur (Le Dr. Stéphane Lanthaume), chirurgien du sein, ambitionne pour l’IDS de « faire savoir le savoir faire régional » et de devenir à court terme un centre pluridisciplinaire : une unité de lieu et d’écoute accessible à tous les acteurs du parcours de soin et facilitant les différentes étapes de soin des patientes.
La première journée de l’IDS a eu lieu le 31 mai 2012. Engagée depuis une dizaine d’année dans la prise en charge des femmes opérées d’un cancer du sein, j’ai eu l’opportunité d’assister à cette réunion et d’y intervenir : un moment d’échange et de partage des connaissances où une cinquantaine de professionnels de santé ont répondu présents. En quelques mots, je me propose de la partager avec vous en résumant les différentes interventions.
Tout d’abord, Le Dr. Etienne Parré, médecin coordinateur de « Prévention Cancer Drôme Ardèche », remercie l’IDS pour cette mission de « politique territoriale de santé publique ». Quelques chiffres encourageants sont ensuite exposés :
– Le dépistage est acte positif et sert à rassurer :
95% des mammographies sont d’emblée normales
7.6 mammographies sur 1000 découvrent le cancer
– La fréquence du cancer du sein est de 37 femmes/100 femmes ayant un cancer
– En 2011, 52 500 nouveaux cas
– Plus on fait le diagnostique tôt, mieux on en guérit
– Intérêt de la DOUBLE LECTURE des mammographies, puisque depuis 2004 en Drôme Ardèche sur 1552 cancers diagnostiqués en 1ère lecture, 94 cancers le furent en seconde lecture soit 6% de plus
Deux des chirurgiens de l’IDS prennent ensuite la parole, notamment pour exposer la reconstruction mammaire. L’un d’entre eux s’indigne d’un « vrai problème d’accès à la reconstruction des femmes touchées par le cancer du sein en France, puisque 43% des cas ne sont pas informés de ces méthodes. Il y a des messages à donner aux patientes ».
Un film présentant l’un des deux chirurgiens opérant une reconstruction mammaire avec lambeau du grand dorsal nous est ensuite proposé. Les avantages de cette technique sont mis en avant, notamment l’aspect esthétique, le volume et la forme permettant à la patiente de s’habiller normalement, même si la rançon cicatricielle reste inévitable.
Le chirurgien souligne qu’aucune technique de reconstruction mammaire ne peut prétendre être parfaite. Il appartient à la patiente de faire un choix personnel en ayant connaissance de tous les possibles dans ce domaine.
Vient ensuite le tour d’un médecin généraliste de s’exprimer. Il reconnaît bien volontiers et en toute honnêteté avoir dû se replonger dans beaucoup de théorie pour préparer son exposé. Bien que très consciencieux au cours de son oral, il avoue être à la traîne quant aux connaissances « pratiques » de la prise en charge d’une femme opérée d’un cancer du sein. Il reconnaît le grand intérêt de l’IDS localement et semble vouloir encourager la prise de conscience de sa profession….très peu mobilisée ce jour-là.
Qu’importe, on avance, doucement mais surement !
C’est maintenant à mon tour de me retrouver face à l’Assemblée ! Je suis à la fois surprise et ravie de constater que le groupe de travail des kinésithérapeutes libéraux que j’ai constitué a répondu massivement présent.
Après avoir brièvement rappelé l’étiologie, la fréquence et la physiopathologie du Lymphœdème du Membre Supérieur (LMS), j’axe mon exposé sur la prise en charge, la prévention du LMS et l’intérêt d’une rééducation attentive à une approche globale de la patiente.
Pour moi, ce soir là, une seule certitude : si les chirurgiens et les médecins présents ne doivent retenir qu’une phrase de mon discours, ce sera celle-là :
« Après curage axillaire monobloc ou sentinelle, une prise en charge kiné à J15 postopératoire permet une rééducation EFFICACE et de COURTE DUREE, axée notamment sur le travail des TLS (thrombose lymphatique superficielle) ».
Les regards sont interrogateurs, des doigts se lèvent : mais qu’est-ce que les « TLS » ? Je réponds alors de façon claire et précise et au fond de moi j’exulte : c’est gagné, le message est en train de passer…
Un ostéopathe conclura la soirée en évoquant ses possibilités d’intervention dans une telle prise en charge. Il pourra notamment évaluer et travailler sur les dysfonctionnements tissulaires en permettant :
– Une équilibration et régulation du système neurovégétatif autonome
– Une harmonisation des échanges articulaires, musculaires, aponévrotiques et facials
Tout cela en pré et post opératoire et lors de la période de chimiothérapie, radiothérapie et post traitement. Il pourra aussi proposer le suivi d’un équilibre fonctionnel nutritionnel pendant toutes ces phases.
Voilà une soirée riche en échanges et en partage de connaissances qui s’achève !
Nous, kinésithérapeutes libéraux, avons notre rôle à jouer au sein de cet IDS. D’ailleurs, notre groupe de travail comptabilise à ce jour 30 kiné motivés et poursuit son engagement dans la prise en charge des femmes opérées d’un cancer du sein :
– Le livret d’éducation thérapeutique que nous avons mis en place continue d’être distribué à l’IDS en post op immédiat.
– Des ateliers pratiques (bandage, DLM…) sont régulièrement proposés entre nous afin d’échanger sur nos pratiques.
– Des binômes sont constitués pour assister à l’IDS à des reconstructions mammaires avec lambeau du grand dorsal notamment.
– Et nous attendons avec impatience le 17 novembre…date du grand congrès de l’AKTL !
« Octobre rose » approche, le mois de sensibilisation au dépistage du cancer du sein. Une occasion en or pour mettre en place la 2ème journée de l’IDS…
Aline Villeprand, MKDE Valence